AFTER WALLFLOWER OR SOMETHING, SUCH AS A TAPESTRY, THAT IS HUNG AND YOU, (2017)
presented in the context of
Je ne veux pas que la vie se mette à avoir d'autres volontés que les miennes
July 16 - August 1st, 2020
Projet Casa, rue de L'esplanade, Montréal, QC.
Curated by : Marie-Claude Landry
Stéphanie Béliveau, Caroline Boileau, Julie Favreau, Nadège Grebmeier Forget, Sophie Jodoin, Naghmeh Sharifi
« Je ne veux pas que la vie se mette à avoir d’autres volontés que les miennes » écrivait Simone de Beauvoir en 1958 dans Mémoires d’une jeune fille rangée. Mise en relation avec la déferlante de dénonciations qui polarisent l’opinion publique autour du consentement, cet extrait est criant d’actualité. Il rappelle également les importantes notions de l’autodétermination et de la liberté, celles qui rendent possible ou non l’émancipation de son existence et de son corps selon sa propre volonté, et non en regard de celle de l’autre ou à son détriment.
Dans cette exposition, la citation de de Beauvoir incarne la posture et l’attitude des six femmes qui y participent parce qu’elles ont fait le choix de s’engager entièrement dans leur travail artistique, devenant ainsi la cause première de leurs actes. Si elles ont été sélectionnées par un comité de programmation dans un premier temps, mon geste commissarial est survenu a posteriori. Cet exercice a encouragé une rencontre inédite dans l’entre-soi de l’exposition où leurs pratiques sont abordées à travers le sujet du corps qui s’y trouve irrémédiablement, voire inconditionnellement raconté, ausculté, éclipsé, souligné, inventé. Leurs approches singulières incarnent les lieux qui marquent les multiples « réels » auxquels elles ont décidé de porter une attention particulière.
Favorisant une mise en dialogue entre des démarches tenaces et engagées, libres et discrètes, les propositions qui habitent l’espace nous informent autrement sur le monde et ses histoires, le corps et ce qui le détermine. La force de l’art se dévoile à travers des œuvres qui traitent de la réappropriation de récits en puissance et hétérogènes, mais surtout contingents dans la pluralité des lieux de la sollicitude (Stéphanie Béliveau), de la résistance (Caroline Boileau), de l’érotisme (Julie Favreau), de la beauté (Nadège Grebmeier Forget), du langage (Sophie Jodoin) et de la mémoire (Naghmeh Sharifi). »
Marie-Claude Landry, commissaire
*
À propos de l'oeuve présentée / Extrait de l'opuscule d'exposition :
Nadège Grebmeier Forget
Le lieu de la beauté
Nadège Grebmeier Forget inclut dans son travail la technique de la diffusion en flux, mieux connue sous son appellation anglophone du streaming. Elle se filme depuis un endroit spécifique retransmis en direct sur Internet signifiant que le regardeur ne se trouve pas devant elle, mais bien devant un écran. After Wallflower a été émise en différé dans le cadre d’un festival à Toronto en 2017. D’une durée de près trois heures, la performance de l’artiste s’est déroulée dans son appartement-atelier de Montréal.
Depuis cet espace privé, Nadège Grebmeier Forget a réalisé une série d’actions en face d’une webcam, induisant une impression de voyeurisme. C’est précisément en se référant à l’esthétique de l’autoreprésentation qu’elle brouille les codes de la vidéo amateur. Ici, on l’aperçoit utiliser plusieurs appareils d’enregistrement telle la caméra de son téléphone cellulaire et de son ordinateur. Elles sont toutes sollicitées de même que leur écran d’où surgissent une multitude de photographies instantanées à la manière de collages et d’infinies mises en abyme. La démarche s’apparente également à celle du VJ qui crée et manipule des images en temps réel grâce à des médiations techniques. Dans une formule Do It Yourself (DIY) où elle mixe vidéos grappillées sur YouTube et actions, objets et nourriture, elle se livre à une performance particulièrement chargée de solitude et de tristesse. L’artiste épuise l’image et s’épuise à travers les images qu’elle performe pendant plusieurs heures. Les gestes posés prennent place dans l’univers secret de la chambre à coucher et de tout ce qu’on peut y faire lorsqu’on est seul. Elle construit une trame en direct, la démultiplie et la triture mille fois dans les reflets du miroir de l’écran. Ses actions jaillissent comme une traque de l’intime exhibée dans une quête irrésolue et excessive d’une image aussi parfaite que captive.
[View full video of the exhibited performance documentation]
Photos : Alignement, 2020
Ce projet d'exposition est un tout, un parcours où les oeuvres se parlent et se répondent d'une pièce à l'autre. Des images des propositions de toutes les artistes avec le texte intégral de la commissaire se retrouve ici.